Remettre l’humain et ses émotions au cœur des organisations

Alors que trouver de nouvelles solutions de compétitivité et maîtriser les dépenses publiques sont les enjeux essentiels pour notre pays, le monde du travail ne peut faire l’impasse d’une réflexion sur la place de l’humain dans les entreprises et les administrations.

Les entreprises et les administrations ont connu, sous l’effet de la mondialisation des échanges, de la financiarisation de l’économie et de la révolution des technologies de la communication, une transformation radicale de leurs organisations et de leurs modes de fonctionnement internes. L’ampleur et la rapidité des transformations n’ont malheureusement pas permis de prendre suffisamment en compte leur impact émotionnel sur les hommes et les femmes qui en ont été les acteurs.

Aujourd’hui, le stress et le mal-être au travail sont devenus des sujets de préoccupations au sein des organisations. Cette prise de conscience de la possible souffrance au travail engendre des actions salutaires dans le champ des risques psychosociaux, du bien-être et de la qualité de vie au travail.

Au fil des dernières décennies, l’engagement au travail a trop souvent été réduit à une simple production opérationnelle et rationnelle dans une perspective de performance. Le contrat social implicite s’est appauvri pour se limiter progressivement à un échange minimaliste et par ailleurs inéquitable entre une prestation de travail et une rémunération financière.

La non-prise en compte de l’humain dans toutes ses dimensions et en particulier sa dimension émotionnelle a parfois entraîné un dysfonctionnement des rapports humains au travail. Cette évolution des relations professionnelles s’est faite avant tout au détriment de la personne, mais aussi, ce qui était contreproductif par rapport à l’effet recherché, au détriment de la performance et de la cohésion des entreprises et des administrations.

Il faut citer ici l’étude conduite par la mission FNEP 2011 sur « les Ressources émotionnelles ou comment ériger le facteur humain en élément de solidité des entreprises et des administrations » et la place fondamentale que la mission accorde à l’émotion dans la performance des organisations : « Les émotions sont en effet indissociables de notre perception, de notre intuition et de nos capacités d’action, d’analyse et de socialisation. Elles ont une influence sur le développement des personnes, de leur santé, de leur conduite et de leurs compétences individuelles et collectives. Surtout, au plus près de notre expérience intérieure, les émotions nous renseignent sur notre degré de satisfaction ou d’insatisfaction. En ce sens, toutes sont utiles et aucune n’est à rejeter. Les organisations ne valent que par les personnes qui les composent et leur « entièreté » humaine. Redonner à chacun toute sa place, sans le considérer comme un simple facteur de production ou comme un capital à faire fructifier, permet de reconsidérer et refonder l’engagement au travail des hommes et des femmes ».

En même temps que les services de Ressources humaines des entreprises et des administrations commencent à réellement se préoccuper de la prise en compte de l’individu dans toute sa dimension, des attentes nouvelles de la part des individus s’expriment notamment celles des jeunes – la génération Y – qui souhaitent  être reconnus pour ce qu’ils font, mais aussi pour ce qu’ils SONT.  Plus généralement, la demande de reconnaissance non financière du travail n’a jamais été aussi forte.

Dans le contexte de crise économique et financière qui frappe les pays occidentaux, l’endettement public et privé doit être résorbé. Les entreprises et les administrations doivent dans une perspective de performance nécessaire, avec des moyens financiers qui se raréfient, s’appuyer davantage sur les ressources humaines, c’est-à-dire sur les PERSONNES, dont le potentiel de progression est sans limites, valoriser l’individu dans toutes ses dimensions.

Pourquoi continuer à opposer performance sociale et performance économique ? Il faut sortir de l’opposition artificielle entre les préoccupations financières croissantes des organisations et les préoccupations humaines et émotionnelles des personnes.

Seul un management ouvert à l’humain dans toute sa richesse pourra faire sortir l’entreprise et l’administration de cette contradiction et réduire la distance entre les Français et l’entreprise, les salariés et leurs dirigeants.

Ce management pourrait s’appuyer sur des valeurs et des pratiques simples à comprendre et possibles à adopter au quotidien, par exemple : le dialogue, la bienveillance, l’authenticité, la confiance en soi et en l’autre. N’est-ce pas là le meilleur chemin vers la performance et une croissance retrouvée et… durable ?

Sylvie Lainé, Déléguée générale de la Fondation nationale Entreprise et Performance (FNEP) a écrit cet article en s’appuyant sur l’étude de la mission FNEP 2011 éditée par la Documentation française : Je sens, tu ressens, nous sommes… Remettre l’humain et ses émotions au cœur des entreprises et des administrations.

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