Ecrit il y a 50 ans… mais toujours vrai (Dominique Maillard)

J’ai eu l’occasion, il y a peu, de relire le texte d’une conférence faite par Maurice Allais (Prix Nobel d’économie en 1988) alors qu’il était, à l’époque en 1961, professeur d’économie à l’Ecole des Mines de Paris et à l’Institut de statistiques de l’Université de Paris. Que disait-il à propos de la politique énergétique de la France ?

- « Aujourd’hui, le problème réel de l’énergie n’est pas réellement un problème d’ordre technique, c’est avant tout un problème social et politique. »

- « Il y a un arbitrage à faire entre des intérêts particuliers différents. Rien de plus il est vrai, car toutes les fois que l’on entend parler de l’intérêt général, il s’agit d’intérêts particuliers qui essaient de se défendre en se camouflant. »

Ces deux observations n’ont pas pris une ride et me semblent toujours d’application générale, au-delà du secteur de l’énergie.

De même au sujet de l’information du public, ses propos ma paraissent d’une étonnante actualité.

- « La définition d’une politique énergétique convenable ne pourra être valablement résolue que si l’ opinion publique est informée et que si le gouvernement peut s’appuyer sur cette opinion publique. Si cette condition n’est pas réalisée, rien ne pourra être fait de raisonnable. »

Certes, il a pu commettre quelques erreurs quand il pronostiquait que « l’énergie atomique prendra normalement le relais de toutes les autres formes d’énergie dans trente à cinquante ans « . Mais cette myopie devrait aussi inspirer un peu de modestie aux affirmations catégoriques de certains experts sur l’avenir énergétique à 30 ans ou 50 ans, vu d’aujourd’hui !

Enfin, il était très opposé aux prix élevés de l’essence par la fiscalité : « … on m’a accusé de démagogie en me disant qu’il est évidemment toujours facile de proposer des suppressions d’impôts. Mais je ne propose pas ici de diminuer le montant global des impôts, je propose simplement de substituer à la taxe sur l’essence une majoration de la taxe sur la valeur ajoutée supportée par tous les autres biens… »

Tout rapprochement avec un débat actuel similaire serait sûrement pure coïncidence.

Comme quoi, Maurice Allais a bien mérité son prix Nobel !

 

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