L’industrie automobile et ferroviaire face aux nouvelles mobilités

La table ronde s’est déroulée le 12 décembre 2018 à l’espace Hamelin.

Les secteurs automobiles et ferroviaires vivent une véritable révolution. Cette révolution va transformer nos vies. Et vu l’importance de ces secteurs, cela pourra avoir un impact considérable sur notre économie, et donc sur l’emploi en France, sujet d’étude de la mission FNEP 2018.

Autour de la mission 2018, la FNEP, et les Amis de la FNEP ont rassemblé plus d’une cinquantaine de personnalités pour réfléchir sur ce thème. Après une introduction magistrale de Simon Desindes, membre de la mission, Caroline Mini a animé avec finesse ce débat passionnant entre Marc Mortureux, Directeur général de la Plateforme Automobile, PFA, Bernard Cathelain, membre du Directoire de la Société du Grand Paris, Patrick Pelata, Président de Méta Stratégie Consulting, et Francois Meyer, Directeur Général de Fer de France.

Les marchés mondiaux de ces secteurs sont en croissance. Pourtant, des transformations radicales s’annoncent, avec un double effet des politiques volontaristes de l’environnement, et la digitalisation du secteur des transports.

Pour l’environnement, les objectifs de réductions d’émission, imposés aux constructeurs automobiles, provoquent un boom sur la voiture électrique. Les sous-traitants du secteur ne sont pas tous conscients qu’ils sont liés à la transition diesel. La solution de remplacement est la batterie, et l’avance industrielle des pays asiatiques, dont la Chine, est nette. 30% de la valeur ajoutée d’un véhicule vient de son moteur. C’est donc 30% de valeur qui risque de nous échapper, sans politique industrielle volontariste en Europe.

La digitalisation, c’est à la fois les plateformes, comme Uber, qui révolutionnent les services, et permettent l’émergence du modèle comme le MAAS, (Mobility As A Service), pour offrir une solution de bout en bout aux voyageurs. Et c’est aussi le véhicule autonome, pour lequel des industriels comme UBER, mais aussi Google ou General Motors investissent massivement. Outre l’impact emploi pour les métiers de la conduite, l’un des effets de ces évolutions pourra être de réduire le parc de matériel roulant : on appellera ce service au moment où on en a besoin, ce qui fait qu’un véhicule pourra être utilisé de 4% aujourd’hui (dont 1,5% dans les bouchons, ou à chercher une place), à plus de 50%. Les études prospectives montrent aussi que le véhicule autonome et les axes de Mass Transit de qualité seront en fait complémentaire, et que les véhicules autonomes renforceront l’attractivité des transports en commun. D’ailleurs, pour le projet du Grand Paris, les gares et les connections ont fait l’objet d’autant d’attention que le concept du métro automatique.

Bref, quelle est la place de la France, la place de l’Europe, entre une Asie qui devient un leader industriel incontesté, et une Amérique du Nord qui continue sa marche en avant sur la digitalisation et l’automatisation.

Les discussions et échanges riches ont fait émerger un certain nombre d’idées fortes :

  • L’importance d’une politique environnementale, économique et industrielle, forte et cohérente. Pour le moment, le fonctionnement de l’Europe ne permet pas cette cohérence. Elle est pourtant vitale. Les objectifs environnementaux ne peuvent avoir pour conséquences de transférer des emplois vers d’autres zones économiques, alors que ces transformations devraient au contraire faire de nous des leaders de cette transformation.
  • Le fait d’inventer d’autres business model, mais donc de faire travailler des acteurs qui n’ont pas l’habitude de travailler ensemble. Par exemple, l’émergence de la voiture autonome nécessite des évolutions réglementaires, un rôle accru des autorités organisatrices, pour structurer cette évolution. Cela impose la coopération d’industriels, d’opérateurs de service, des pouvoirs publics, pour créer un écosystème efficace. L’Europe, et la France, avec sa culture du service public, peut faire émerger un nouveau modèle.
  • L’importance de l’effort de formation pour se préparer à ces évolutions. Il faut éduquer le citoyen, mais aussi redorer le blason d’une filière industrielle qui n’attire pas nos jeunes générations

La mission 2018 définit en ce moment les propositions fortes à faire émerger du rapport. Nul doute que l’échange des Heures Heureuses stimulera cette réflexion. Nous sommes donc impatients de découvrir le prochain rapport de la Fondation dès mai 2019.

Corédacteurs : Bruno Auger et François Gerin, Amis de la FNEP

Table ronde 12.12.2018

 

 

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